vendredi 27 novembre 2009

Shabbat et Hanouka, les lumières de la famille


A la différence de la plupart des commandements de la loi juive, la mitsva de l'allumage de hanouka ne s'applique pas à l'individu en particulier mais à la « maison », au foyer. Quelle en est la raison ? Qu'en est-il des lumières du shabbat.
Les lumières de hanouka commémore la victoire du peuple juif sur les grecs. Le 25 kislev les prêtres hasmonéens ont pu rétablir le culte du Temple qui avait été profané et allumer miraculeusement la menora. Par leur victoire ils ont mis fin à une période de domination tyrannique aux décrets infâmes. Les grecs avaient en particulier interdit que les portes des maisons juives soient fermées, empêchant ainsi toute pudeur dans la vie intime. Ils mettaient à mort les femmes qui se rendaient au mikvé, le bain rituel, empêchant toute pureté et sainteté dans la vie intime. D'autres décrets, plus abjects encore, s'opposaient à la notion même de mariage. Soit les juifs acceptaient de se conformer aux nouvelles moeurs et abandonnaient la Tora de leurs pères, soit ils renonçaient à fonder une famille juive ou risquaient leurs vies.
On peut comprendre alors que la célébration de la victoire sur les grecs se manifeste par les « maisons » juives. En principe, il faudrait allumer à l'extérieur, devant la porte de chaque maison juive. On se contente aujourd'hui, en diaspora, d'allumer à l'intérieur de nos maisons, à l'endroit le plus fréquenté par la famille ou devant la fenêtre. L'idée essentielle qui en ressort est que, malgré les ténèbres de l'Histoire, le peuple juif demeure, fort des familles qui le constituent. Chaque chandelier illuminé est le symbole d'une famille où la flamme de la tora brille.
Cette lumière de hanouka doit être vue mais ne pas servir à éclairer. A l'inverse, les lumières du shabbat doivent permettre de voir à l'intérieur de la maison, éviter les embûches, découvrir ceux qui nous sont proches et renforcer les liens familiaux. En ce sens, les lumières de hanouka apportent l'éclat extérieur à la lumière intérieure des familles juives.
Notons à ce sujet une halakha intéressante. Si une personne n'a pas les moyens de se procurer à la fois une lumière pour shabbat et une pour hanouka, qu'est-ce qui prime ?
Le but de la lumière du shabbat étant d'amener le shelom bayit, la paix dans le foyer, cette obligation prime sur les autres. Comme le dit Maïmonide :
“Grande est la paix, car même le Nom (divin) est effacé pour amener la paix entre un homme et sa femme.”
La famille se doit d'être le lieu de la Présence divine. Porter atteinte à l'intégrité, à la pureté et à la sainteté de la famille équivaut à une profanation du Temple. Hanouka est la fête qui commémore la nouvelle inauguration du Temple. Cette fête nous rappelle le combat qu'il faut être prêt à mener pour préserver la lumière de la Tora dans nos familles. Shabbat est le temps qui nous est offert pour découvrir cette lumière afin qu'elle éclaire en retour nos foyers de sa bénédiction.
En cette année du cinquantenaire de l'inauguration de notre synagogue, nous pensons évidemment à toutes les années écoulées et au défi extraordinaire qu'ont du relever nos anciens pour reconstruire après la dévastation.
Hanouka signifie précisément “inauguration”. A l'instar du message de cette éblouissante fête, le miracle consiste surout à durer. Relevons à notre tour le défi d'apporter à notre belle synagogue la lumière des prières le shabbat et en semaine par des offices célébrés en commun et rajeunis. Relevons le défi de transmettre à nos enfants le shamash, cette bougie qui permet d'allumer d'autres encore. Relevons le défi de ne pas nous suffire de nos habitudes, ayons le désir d'apprendre plus, de pratiquer plus encore. Relevons le défi de trouver la lumière et la paix dans notre synagogue et dans nos maisons. Le miracle est à notre portée, mais il ne se fera pas sans nous.

Bonne fête de hanouka,


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