lundi 30 novembre 2009

La bénédiction d'Israël


Dans cette sidra Ya'aqov apparaît craintif. Il offre des cadeaux, il se fait appeler « serviteur » de « son maître 'Essav » et se prosterne devant lui. Cette attitude est-elle juste ? Comment concilier cette image de Ya'aqov avec celle qui apparaît en même temps du combat victorieux avec l'ange ?
Jacob se dirige vers le pays de Canaan. Son frère Esaü vient à sa rencontre avec quatre cents hommes. Effrayé, Jacob se prépare au combat. Il prie Dieu et envoie de nombreux présents à Esaü. La nuit venue, il fait entrer sa famille en Canaan par le torrent du Yabboq. Le lendemain Esaü est déjà là (Gen. 33, 1, 3-4).
« Jacob leva ses yeux et il vit, voici qu’Esaü venait, et avec lui quatre cents hommes. (…) [Jacob] se prosterna à terre sept fois, jusqu’à approcher de son frère. Esaü courut à sa rencontre, l’étreignit, se jeta à son cou et l'embrassa ; et ils pleurèrent."
La guerre fratricide n'a pas eu lieu. Cependant, au coeur de cet épisode, Jacob mène un autre combat. Durant la nuit précèdant la rencontre, Jacob est resté seul sur la rive du Yabboq. Un homme lutte avec lui jusqu'à l'aube. Ne pouvant l'emporter, il frappe Jacob à la cuisse. Jacob le retient encore jusqu'à ce qu'il le bénisse (32, 28).
"Ton nom ne se dira plus Jacob mais Israël, car tu t'es imposé avec D. et avec les hommes et tu y es parvenu. (...) Jacob apella ce lieu Peniel / face de D. - Car j'ai vu D. face à face et ma vie a été sauve."
Jacob va à la rencontre d'Esaü en boitant. Son infirmité témoigne de son héroïsme. Que peut-il craindre, lui qui a survécu au face à face avec D. ? Pourtant, loin de montrer la moindre assurance, Jacob semble faire preuve de faiblesse devant Esaü. Il offre ses richesses, crie à D son désespoir et se prosterne sept fois devant Esaü. Il l'appelle "mon maître", il est "son serviteur".
Jacob ne juge pas de la nécessité du combat en évaluant les rapports de force ou par orgueil. Il connait la cause de la haine d'Esaü : la bénédiction d'Isaac qu'il lui a prise (27, 28-29) :
"Que D. te donne de la rosée du ciel et de gras terroirs. (...) Sois chef pour tes frères et que les fils de ta mère se prosternent devant toi ! Maudit soit qui te maudira, béni soit qui te bénira !"
En lui offrant les richesses et en se prosternant, Jacob rend à Esaü la partie de la bénédiction qui l'intéresse. Jacob-Israël lutte pour mériter la fin, être une source de bénédictions.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Rechercher dans ce blog