L’E-ternel D-ieu ordonne à l’humain de ne pas manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Il « bâtit » ensuite la femme à partir d’une côte de l’humain. Le serpent réussi à la convaincre de manger du fruit interdit. Elle en donne alors à l’homme qui en mange également. Cette faute est la conséquence, entre autre causes, d’une mauvaise transmission de l’ordre divin. Pour nous en rendre compte observons en parallèle l’ordre donné par D-ieu, la version du serpent et celle de la femme.
l’ordre (Genèse 2, 16-17) | le serpent & la femme(Genèse 3, 1-4) | |
L’E-ternel D-ieu ordonna à l’humain, en disant : De tout arbre du jardin, tu dois manger (akhol tokhel). | Il dit à la femme : Bien que D-ieu ait dit : « Ne mangez pas de tout arbre du jardin » … | La femme dit au serpent : Des fruits d’arbre du jardin, nous mangerons ! |
Mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal n’en mange pas. | | Mais du fruit de l’arbre qui est au centre du jardin D-ieu a dit : « N’en mangez pas et ne le touchez pas, |
Car le jour où tu en mangeras, tu dois mourir (mot tamout). | Le serpent dit à la femme : …Vous ne mourrez pas ; Car D-ieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme D-ieu connaissant le Bien et le Mal. | de peur que vous ne mourriez » |
La femme ne laisse pas le serpent finir sa phrase :
« - Bien que D-ieu ait dit : Ne mangez pas de tout arbre du jardin, (…) vous ne mourrez pas. »
Comme de nombreux traducteurs, elle a compris : « Ne mangez d’aucun arbre du jardin » et rectifie le serpent. Mais le serpent séducteur n’est pas menteur. D-ieu a dit « Ne mangez pas de tout arbre ». Effectivement, D-ieu ne permet pas de manger de tous les arbres du jardin du moment qu’un seul d’entre eux est interdit. Le serpent parle volontairement de façon ambiguë pour entendre la réaction de la femme. En interprétant son propos, elle dévoile sa connaissance faussée de l’ordre divin.
Hashem E-lohim et E-lohim : A la suite du serpent, la femme parle de D-ieu en tant qu’ E-lohim alors que l’ordre est donné par Hashem E-lohim. Sans approfondir cette différence, on peut dire que E-lohim est le titre donné à D-ieu. Dans son sens restreint il exprime l’idée d’une puissance à l’origine du Monde mais qui s’en détache. Quant à Hashem, il s’agit du nom propre de D-ieu, exprimant l’idée d’une corrélation avec l’humain et d’une rétribution pour le Bien et le Mal que ce dernier commettrait. Le serpent élude cette idée pour « libérer » la femme de la conscience d’une présence divine.
Ordonner et dire :.De même, la femme reprend après le serpent « D-ieu a dit », alors que « L’E-ternel D-ieu ordonna à l’humain, en disant ». La parole de l’E-ternel est dévalorisée. D-ieu a dit, le serpent dit autre chose, le cœur de la femme également. La parole de D-ieu ne s’imposant pas, le serpent incite la femme à décider par elle-même de ce qu’il faut faire.
Tout arbre du jardin et les fruits : La femme est seule à préciser l’interdit de manger des fruits alors que Hashem E-lohim et le serpent parlent de manger « de tout arbre du jardin ». La femme ne perçoit peut-être que le profit immédiat. Pour elle, les arbres n’ont d’intérêt que pour leurs fruits. Dans l’expression divine, manger du fruit revient à manger de l’arbre. A travers le fruit il faut accéder à son origine. D’ailleurs la femme ne précise pas qu’elle peut manger de tous les fruits, il lui suffit de se rassasier. Mais Hashem E-lohim indique la nécessité de goûter à tout arbre qu’il a planté, tous « agréables à la vue et bon à la consommation » et autant d’aspects différents du Monde qu’il faut découvrir.
Permission et obligation : L’E-ternel D-ieu ordonne d’abord de manger de tout arbre du jardin. « Akhol tokhel / Tu dois en manger .» Le serpent ne retient que l’impossibilité en définitif de manger de tout arbre. Quant à la femme, elle présente le fait de manger des fruits des arbres comme une permission.
L’arbre de la connaissance, au centre du jardin : L’incompréhension qu’il s‘agit d’une obligation de manger explique un autre détail du récit. Le dialogue entre la femme et le serpent semble avoir lieu devant l’arbre interdit. Que faisait-elle à cet endroit sachant qu’elle ne devait pas manger de ses fruits ? Son objection au serpent révèle l’intérêt particulier qu’elle porte à cet arbre. Elle ne le cite pas par son nom mais l’indique par son lieu, au centre du jardin. La femme tourne déjà autour de cet arbre quand le serpent décide de s’adresser à elle. A n’en pas douter, si la femme s’était occupée à profiter de tous les fruits du jardin d’Eden, elle ne se serait pas intéresser au fruit interdit.
Manger et toucher : Jamais D-ieu n’a interdit de toucher de l’arbre de la connaissance. Cependant la femme l’affirme ainsi au serpent. Comme l’expliquent nos sages, cette exagération est une haie autour de la loi placée par l’homme. En répétant l’interdit à la femme, absente au moment de l’ordre divin, l’homme à ajouter l’interdit de ne pas en toucher pour ne pas en arriver à manger. L’erreur consiste surtout à attribuer cette règle supplémentaire et secondaire à D-ieu lui-même. Plutôt que d’élever la loi humaine au rang d’un ordre divin, l’inverse s’est produit.
Effet et punition : Quelle est la conséquence de la transgression ? En comprenant l’interdit de consommation « de peur » de mourir, la femme sépare la transgression de sa conséquence. Dans ce sens la mort est une punition pour avoir transgresser. Mais l’interdit lui-même n’est pas nécessairement préjudiciable. Il se peut même qu’il apporte une satisfaction mais que D-ieu interdit à l’humain. Or Hashem E-lohim s’est exprimé différemment. « Le jour où tu en mangeras, tu mourras. » L’interdit est dangereux. C’est la faute qui tue. En interdisant à l’humain de la transgresser, Il le protége. Alors que la femme peut laisser entendre que D-ieu désire priver l’humain d’un Bien qu’Il se réserve. Evidemment, en ne voyant pas le mal dans l’arbre lui-même, la femme ouvre la brèche par laquelle s’introduit le serpent.
« Vous ne mourrez pas ; Car D. sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme D-ieu connaissant le Bien et le Mal. »
La femme a montré qu’elle ne voyait qu’un interdit se situant au centre du jardin. Il est alors aisé pour le serpent d’abonder dans ce sens. D-ieu menace non pas parce que cet arbre est mauvais mais au contraire parce qu’il est bon. A tel point qu’en fait s’est Lui qui est menacé. La confusion entre le bien, le beau et le vrai s’étant faite, l’aspect extrêmement désirable de l’arbre conduit finalement à fauter.
En somme, la ruse du serpent consiste à fausser la compréhension de l’ordre divin en le reformulant. Il découvre les erreurs de transmissions commises par l’homme et obscurcit les notions de D-ieu, de loi, de Bien et de punition. La femme, attachée à une « tradition » qu’elle ne connaît pas exactement, ne parvient pas à y voir le véritable Bien. Il est intéressant de remarquer qu’il n’en n’a pas fallu autant pour que l’homme faute à son tour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire