lundi 26 octobre 2009

La crainte du juste


Après avoir quitté son oncle Abram, Lot est fait captif dans une guerre opposant les rois de la région. Abraham, aidé de ses alliés, s’engage alors dans cette guerre afin de délivrer son neveu. Il triomphe et acquiert ainsi un prestige dans toute la région. Le Dieu d’Abraham est alors également glorifié. Mais Dieu lui apparaît et déclare :

“Ne crains pas, Abram, je suis pour toi un bouclier ; ta récompense sera très considérable !”

(Gen. XV, 1)

Ce verset est étonnant. A quelle crainte d’Abram Dieu désire répondre ? Voilà de nombreuses années qu’Abram n’est plus un homme errant, ayant tout quitté pour son Dieu. Depuis son passage en Egypte il est devenu riche. Et, à l’instant où Dieu lui apparaît, sa renommée est acquise et même son message moral et spirituel est reconnu. Quelles sont donc les raisons de sa crainte ?

Plusieurs réponses sont apportées par les maîtres du Midrash (Mid. rabba, ad loc.) ; en voici deux :

- Abram craint que, dans cette guerre légitime, il n’ait tué des justes.

- Abram craint que cette guerre ne mette pas fin à la violence.

Les glorieux triomphes qui rassurent les vainqueurs sont autant de pertes, de souffrances et de vexations qui alimentent la haine des vaincus. Une défaite entraîne un sentiment de vengeance et procure les premières forces pour le prochain combat.

L’anxiété de l’homme qui croit sincèrement en Dieu n’est due ni à un manque de richesse ni à une insuffisance d'honneur. Elle exprime un désir profond et perpétuel de justice

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