AVERTISSEMENT
: L'article qui suit relate des faits imaginaires
et complètement irréalistes, quoique...
L'affaire a commencé le 1er avril dernier par une question tirée au hasard à l'ONU : Faut-il assimiler « judaïsme » à « racisme » ? En effet un verset de la Tora impose d'effacer le souvenir du peuple de 'Amaleq. Une commission a été créée. Elle est rapidement parvenue aux conclusions suivantes :
- Voilà près de 4000 ans, le petit peuple de 'Amaleq habite dans les montagnes au Nord du désert du Sinaï et vit de brigandage. Il pille les caravanes et s'attaque parfois même aux villes, quand l'Etat est faible. Les philistins et les hébreux ont été les principales victimes de ce peuple.
- La première des attaques qui nous soit relatée dans la Torah, livre sacré des juifs, est celle qui suit la sortie d'Egypte. 'Amaleq attaque Israël sur son chemin vers la Terre de Canaan. Josué repousse l'assaut tandis que Moïse lève ses mains vers le Ciel.
- Aucun différend territorial ou politique n'oppose ces peuples. La responsabilité première de 'Amaleq semble donc avérée. Cependant, il est improbable qu'il ait eu l'intention de détruire Israël. En nombre bien inférieur aux millions d'hébreux, 'Amaleq attaque par l'arrière les personnes faibles à la traîne. C'est lâche, évidemment, mais le but de 'Amaleq n'est que de piller et de retourner dans ses villages fortifiés. L'opération défensive menée par Josué est donc légitime mais comment comprendre la suite ; une guerre éternelle est déclarée par D. à 'Amaleq ? Alors qu'Israël a le droit de pactiser avec l'Egypte qui l'a asservi pendant des siècles et assassiné ses enfants, point de trêve ou de repentance pour 'Amaleq ! Une guerre totale contre un peuple qui a opéré une razzia !
La
commission de l'ONU a donc présenté une proposition de résolution
condamnant la réaction disproportionnée du peuple d'Israël qui se
rendrait en plus coupable de racisme et de crime contre l'Humanité.
L'Etat d'Israël a donc été sommé de fournir des explications sur
cette affaire.
L'Etat
hébreu s'est déclaré incompétent en matière d'explication de la
Tora et inapte à porter une responsabilité quant à son message. Ce
à quoi le rapporteur de ladite commission, Ben Hameydata, de
répondre que « sans sa Tora, le peu de légitimité de l'Etat
d'Israël part en fumée ». Le gouvernement israélien a
rappelé l'épisode de Haman, descendant de 'Amaleq, qui a tenté
d'exterminer tous les juifs, hommes, femmes et enfants, en un seul
jour. Hameydata a rétorqué que Haman n'a fait que rendre au peuple
juif la monnaie de sa pièce puisque Saül, Roi d'Israël s'était,
le premier, rendu coupable de génocide envers 'Amaleq quelques
siècles plus tôt.
L'assemblée générale de l'O.N.U. a
refusé de suivre toutes les conclusions de la commission, arguant
que l'on ne peut « condamner un peuple sur la base de textes
antiques dont la véracité n'est pas reconnue ». Elle a donc
décidé de se rassembler le 15 mars prochain afin de procéder au
vote de la résolution 5702 décrétant que « le judaïsme
actuel est une forme de racisme et de discrimination raciale ».
Une
tempête de réprobations envers le judaïsme s'est mise à souffler,
depuis les dictateurs jusqu'aux esprits humanistes et pacifiques.
Certains Etats ont demandé que soit ajoutée à l'encontre du
judaïsme une condamnation pour « antisémitisme »
puisque 'Amaleq est descendant de Sem et même d'Abraham et du fils
aîné de Isaac.
A
l'intérieur même des communautés juives les débats furent
houleux. Des intellectuels juifs européens ont critiqué la Tora en
s'étonnant d'une telle rancune envers de misérables pirates du
désert. Ils ont réclamé que soient supprimés les versets
compromettants. Quelques rabbins américains se sont empressés
d'approuver cette requête. Ils ont même eu l'idée d'accomplir
ainsi le verset : « Tu effaceras le souvenir de 'Amaleq »...
de la Tora ! Mais presque toutes les autorités juives ont refusé de
toucher au Pentateuque.
L'opinion
publique internationale a été unanime dans sa critique : articles
de presse, émissions télévisées, manifestations, boycotts, jamais
l'attention du Monde ne s'est portée de manière aussi exclusive sur
un seul sujet d'actualité. Les sites de recherche internet ont
annoncés que plus de 80 % des requêtes dans le Monde portaient sur
cette affaire.
Des
ambassadeurs israéliens ont été renvoyés dans leur pays mais
également des rabbins ont été expulsés ou interdits
d'enseignement et des yéshivot, académies talmudiques, ont été
fermées. Même le pacte entre les antisionistes juifs
ultra-orthodoxes et non-juifs s'est brisé. Les premiers prétextant
que ces versets étaient à prendre au sens symbolique puisque
'Amaleq n'existe plus, les seconds affirmant qu'aucun groupe ne peut
se permettre de garder dans sa charte un appel à la destruction d'un
peuple, fut-il symbolique. Un accord a failli être passé lorsqu'un
rabbin antisioniste a déclaré que le peuple de 'Amaleq était
aujourd'hui l'Etat sioniste mais peu ont voulu se démarquer de
d'opinion générale sommant les juifs de faire disparaître les
versets polémiques de la Tora et des manuels scolaires juifs.
Violemment
critiquées de l'extérieur et de l'intérieur, les communautés
juives ont finalement retrouvé leur unité mise à mal. Juifs de
gauche et de droite, religieux ou non, sionistes ou pas, partisans de
la force ou du dialogue, tous se sont rassemblés. Jamais une telle
entente ne s'était réalisée. Une même réaction spontanée est
alors apparue. Dans les synagogues, les lieux publiques, les rues,
devant les caméras de télévision, les juifs se sont mis à lever
les mains vers le Ciel à l'instar de Moïse lors de la guerre contre
'Amaleq.
On
pourrait penser qu'en levant les mains vers D., ils baissent les bras
devant la critique. Mais de l'avis des personnes interrogées, ce
geste indique que, non seulement le salut ne vient que de D. mais
également que l'agression du peuple de 'Amaleq est dirigée contre
le D. d'Israël. En effet le contexte historique de l'attaque de
'Amaleq dans le désert permet de reconsidérer les premières
conclusions de la commission. 'Amaleq s'est attaqué, il est vrai, à
Israël comme à tout autre peuple mais à un moment particulier de
l'Histoire de l'Humanité. Après des siècles d'exil et
d'asservissement, le peuple d'Israël aurait du disparaître dans les
limbes de l'histoire comme tant d'autres nations dominées. Or, de
manière prodigieuse, ce peuple est sorti d'Egypte en y voyant la
main de D.. Il a traversé la Mer Rouge qui s'est refermée sur
l'armée égyptienne et a suivi Moïse dans le triangle du Sinaï,
lieu désertique qui ne mène nul part. Aucune nation n'osait alors
s'interposer sur le chemin du peuple d'Israël. C'est précisément
sur ce chemin de la constitution du peuple d'Israël au service de
son D. que 'Amaleq attaque, effectivement comme si de rien n'était.
Car telle est l'opposition fondamentale entre ces deux peuples
frères. L'un affirme qu'il existe un D. de l'Histoire, qui juge les
humains pour leurs actions et intervient dans le cours des
événements, le second s'oppose à l'idée d'une responsabilité
devant D.. L'épisode extraordinaire de la Sortie d'Egypte semblait
démontrer l'existence du D. d'Israël qui donne sens à l'Histoire,
c'est la raison pour laquelle 'Amaleq se devait de réagir en
« normalisant » l'histoire de ce peuple, en la
réintégrant dans un monde sans autres lois que celles du hasard et
des déterminismes naturels. Pour Israël, les événements
historiques sont le masque derrière lequel D. se cache et par
là-même révèle son Existence. Pour 'Amaleq, nulle victoire, nulle
défaite, ne prouve un « maître du jeu ». Les cartes
sont tirées au hasard, l'Histoire en est le résultat. 'Amaleq
empêche donc d'asseoir D. sur le trône de Justice qu'Israël a le
devoir de créer. A travers l'Histoire, l'existence même d'Israël,
envers et contre tout, démontre l'existence d'un projet pour le
Monde basé sur des lois de justice et d'égalité entre les humains
et les peuples devant D.. Cela ne nie pas la réalité d'autres lois,
d'autres « dialectiques » (le hasard, la nature, la
force, etc..) mais cela implique qu'elles puissent être dominées,
canalisées, guidées. De tout temps une réaction violente se
produit, de l'extérieur comme de l'intérieur du peuple d'Israël.
Une réaction tentant à se masquer le prodige, l'étendard divin, et
à persister à ne considérer que les forces qui ne responsabilisent
pas l'humain et ne le contraignent pas à choisir entre le Bien et le
Mal.
Dans
ce combat entre Israël et le descendant de son frère jumeau, Israël
n'a pas d'autre arme que celle d'exister par ce qui le caractérise :
Etre le peuple qui montre aux hommes le chemin du Ciel, sans se
prosterner ni tenter de se cacher en pensant être épargné.
A. R.
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