Dans l’Antiquité et au Moyen age, le père est doté de ce que l’on qualifie de « puissance paternelle ». Femme(s) et enfants lui doivent respect et obéissance. Toute la société repose sur des rapports d’autorité et de soumission. Ainsi, la position du père à l’intérieur de la famille représente et garantie l’autorité du roi sur tous ses sujets. Cette situation est très bien illustrée dans un des premiers épisodes du Rouleau d’Esther.
Le Roi Ahashvérosh convie tous
les habitants de Suze à un merveilleux festin. Tous les abus y sont
permis et même recommandés. Au dernier des sept jours de ce festin,
Ahashvérosh, réjouit par le vin, décide de montrer à tous ses
invités plus encore que ses innombrables richesses. Il ordonne que
la reine Vashti montre son extraordinaire beauté à tous les
convives. La reine refuse de s’humilier ainsi, entraînant la
colère du roi. Il demande alors conseil à ses ministres. Mémoukhan
prend la parole. Il prend soin de bien expliquer la gravité de la
situation :
« Ce n’est pas seulement contre le roi que la reine Vashti a mal agi, mais c’est contre tous les chefs et contre tous les peuples qui sont dans toutes les provinces du roi Assuérus. (…) Et dès ce jour-même, les princesses de Perse et de Mèdie qui ont appris cette action de la reine, en parleront à tous les chefs du roi ; d’où mépris et colère. »
En somme, le ministre explique
au roi que l’affaire Vashti dépasse de loin un problème intérieur
au palais. Si le roi n’agit pas comme il se doit, une révolution
risque de détruire les années d’efforts, de guerres, de
diplomatie et de festin qui lui ont été nécessaires pour conquérir
puis pacifier les 127 provinces de son empire. Le roi doit comprendre
que la « libération de la femme » n’est pas qu’une
affaire privée. Toute la société, depuis ses fondements,
s’écroulera si l’on n’arrête pas le mouvement immédiatement.
En conséquence, une ordonnance royale doit être publiée afin que
toutes les femmes aient du respect pour leurs maris.
« Alors
le roi envoya des lettres dans toutes le provinces – pour chaque
province selon son
écriture, et pour chaque peuple selon sa langue -, afin que tout
homme fût maître dans sa maison et parlât la langue de son
peuple. »
Il est intéressant de remarquer
que cette vision du respect du mari est exprimé dans la méguila par
des personnages mal considérés. Un rapprochement troublant est
d’ailleurs à faire entre cet épisode et celui où Haman demande
d’exterminer tous les juifs « du plus jeune au plus vieux,
enfants et femmes en un seul jour ». Il s’agit là encore de
défendre les intérêts de l’immense et si puissant empire perse
mis en danger par un si petit peuple. Doués d’une étonnante
lucidité, les conseillers d’Ahashvérosh craignent plus que tout
les gens dont la faiblesse et la soumission naturelles masquent une
vitalité, une intelligence, une puissance bien plus grande que la
force brute des hommes, des armes et des richesses.
Or précisément dans la
méguila, les masques finissent par tomber. Le peuple humilié
retrouve gloire et joie. Les femmes soumises acquièrent, par Esther,
la preuve que toute un empire peut être habilement dirigé par
l’intelligence d’une femme.
D. se cache dans la mégila, son
action apparaît par l’assistance qu’il accorde toujours aux
opprimés.
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