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mardi 11 mars 2014

Miqetz : Rêve de divinité



Dans la Genèse une grande importance est accordée aux rêves. Ils déterminent des évènements décisifs de l'histoire biblique. C'est le cas en particulier des rêves de l'échelle de Ya'aqov et celui de Pharaon sur le Nil. Le premier établit l'alliance entre D. et les descendants de Ya'aqov, le second présage de l'avenir économique de l'Egypte. Ce dernier rêve constitue une étape essentielle du chemin conduisant la famille de Ya'aqov en Egypte.

Y. Leibovitz rapporte à ce sujet un midrash qui compare ces deux rêves. Ya'aqov et Pharaon se voient tous deux en présence de leur D.. En observant les attitudes de ces deux hommes face à la divinité, le midrash illustre deux conceptions opposées de la pensée religieuse. Dans le rêve de Ya'aqov, D. se trouve au dessus de lui, alors que dans son rêve Pharaon se tient au bord du fleuve. Le midrash lit d'ailleurs le verset au sens littéral :

"Et voici qu'il se tenait debout sur le fleuve."
 Le midrash affirme alors :

"Les impies se places au dessus de leur dieu alors que les justes se placent en dessous."

Pharaon et tous les égyptiens servaient certainement le Nil en tant que D. suprême. Ils étaient prêts à tout lui sacrifier et peut-être même plus encore que ne le feraient les serviteurs de D. Un E-ternel. Alors pourquoi se situeraient-ils "au dessus" de leur dieu ? Mais pour le midrash, se situer « au-dessus » de son dieu signifie être maître de son D.. Dieu n’est plus servi mais asservi aux besoins des hommes. La loi divine n’est pas posée comme absolue et contraignant les humains à maîtriser leurs désirs mais comme un moyen pour assouvir ses désirs. Ya'aqov est lui « en dessous » de son D., porteur d’un message parfois difficile à assumer mais qu’il refuse de se cacher.

lundi 23 novembre 2009

Les anges gardiens


Que représentent les anges dans le rêve de Ya'aqov ?
Jacob quitte le pays de Canaan pour la Mésopotamie. Il craint d’être rattrapé par son frère ou de ne jamais revenir dans son pays. La bénédiction qu’il a usurpée, au lieu de le renforcer, le met en danger. Le doute sur le bien-fondé de son acte autant que l’angoisse au sujet des conséquences l’envahissent. Jacob s’arrête pour passer la nuit. Il fait alors un rêve devenu célèbre. Une échelle est dressée sur la terre et son sommet atteint le ciel. Des anges y montent et en descendent. Comme dans de nombreuses révélations divines, le songe de Jacob comporte deux parties : une image et une parole. L’image illustre alors la parole, la concrétise et exprime de très nombreux sens que les mots seuls ne peuvent déployer. Dans notre cas que dit D. ? (Gen. 28, 11) :
"Et voici que l'E-ternel se tenait au dessus de lui. Il dit : Je suis l'E-ternel, le D. d'Abraham ton père et le D d'Isaac, cette terre sur laquelle tu reposes, Je la donne à toi et à ta postérité. (...) Voici que Je suis avec toi ; Je te garderai partout où tu iras, et Je te ramènerai dans cette contrée, car Je ne t'abandonnerai pas avant d'avoir accompli ce que J'ai dit à ton sujet."
L’échelle et les anges symbolisent donc la protection divine. Pourquoi les anges ne se tiennent-ils pas autours de Jacob ? Pourquoi montent-ils avant de descendre ? Le commentaire de Rashy répond à ces questions :
« Les anges qui l’ont accompagné sur la Terre d’Israël ne peuvent en sortir et sont donc montés au ciel. Les anges des autres pays que la Terre d'Israël sont alors descendus pour l’accompagner. »
Cette explication s’appuie encore sur un autre verset. Après vingt et un ans, Jacob revient au pays de Canaan et voit à nouveau des anges :
"Des anges de D. le rencontrèrent. Jacob dit en les voyant : Ceci est le camps de Dieu. Et il appela cet endroit Mahanayim / "deux camps".
De même, avant de mourir, il bénit ses petit-fils Manassé et Ephraïm en évoquant la protection divine :
"Que l'ange, qui m'a délivré de tout mal, bénisse les enfants et qu'il leur soit donné mon nom et le nom et le nom de mes pères."
De même, avant de mourir, il bénit ses petit-fils Manassé et Ephraïm en évoquant la protection divine :


De façon générale, l'action de Dieu ne peut être définie. Elle est alors représentée par des anges ou dans le langage Biblique des "envoyés". Le rêve de Jacob lui apprend que bien que son histoire ne sera pas dirigée selon les même principes, sur la terre d'Israël comme en dehors, D. l'assure malgré tout de le protéger durant son exil et d'un jour y mettre fin.

Promesse et mérite


Comment Ya'aqov peut-il poser des conditions suite à la promesse de Hashem dans son rêve de l'échelle ?
Esaü jure de tuer son frère Jacob. Ce dernier quitte donc la Terre de Canaan en direction de Haran, en Mésopotamie. Il espère également y trouver une femme de la famille d’Abraham.
La nuit tombée, il s’arrête en chemin et fait un songe prophétique. Une échelle est posée à terre et son sommet atteint le ciel. Des anges y montent et y descendent. D. s’adresse alors à lui. Il lui promet une grande descendance dans le pays de Kéna'an. Il sera toujours avec lui, le protégera et le ramènera dans ce pays.
A son réveil Jacob émet alors un souhait :
“Si l’E-ternel est avec moi et me garde dans ce voyage que je suis en train de faire,
s’Il me donne du pain à manger et un habit pour me vêtir,
si je retourne en paix à la maison de mon père
le S-eigneur sera alors pour moi un D..”
(Gen. 20-21)
Comment comprendre les paroles de Jacob ? D. s’engage à le protéger et à le ramener dans son pays. Comment peut-il mettre en doute la parole de D. ?
La réaction de Jacob à la promesse divine nous enseigne la nécessité de mériter tout ce que nous recevons. Même lorsque D. Lui-même assure d’être toujours avec Jacob, ce dernier comprend qu’il doit mériter tout ce que D. lui annonce.
Pour l'instant, Jacob ne se trouve qu'au début de son histoire. Il comprend qu'avec son départ de Beer Sheva', une nouvelle page de sa vie se tourne. Son existence se trouve enrichie par son rêve. Il lui reste tant de choses à découvrir, tant de défi à relever. Rempli d'espoir, ses yeux sont émerveillés devant les nouveaux horizons qui s'ouvrent devant lui. Il sait cependant que c'est à lui de se mettre en chemin, à lui de tout faire pour y arriver.
Avant d’avoir vécu sa vie à l’écoute de la parole divine, avant d’avoir agi sans cesse pour le Bien et la Justice, comment s’assurer d’y parvenir ? Ce n’est donc pas la promesse divine que Jacob met en doute, mais au contraire le mérite de sa propre existence. les conditions qu'il pose sont une prière faite à D. de mériter la promesse faite et de l'aider à la réaliser.
Mais, dans ce cas, pourquoi Hashem n'attend-il pas que Jacob soit méritant avant de lui promettre ou plus exactement dans ce cas de le récompenser par tant de bienfaits ? La question est évidemment plus générale et s'applique à l'élection d'Israël.
Ici apparaît un enseignement majeur de la Tora : L'élection et la promesse précèdent nécessairement le mérite. Cela implique plusieurs conséquences :
1. La Tora pose à la fois l'élection absolue d'Israël, sans qu'il ne soit possible de la remettre ne cause, et tout autant la nécessité absolue de mériter a posteriori cette éléction. Jacob ou Israël n'a pas d'autre choix que celui de mériter son élection. Si cette dernière était la résultante d'un mérite, cela laisserait l'alternative de ne pas faire l'effort pour la mériter et d'ainsi accepter de ne pas être élu. L'élection d'Israël est une contrainte. Etant choisi, a priori, il ne peut s'y soustraire et n'a pas d'autres choix que de la mériter.
2. La promesse n'est pas celle d'une récompense ! Hashem assure à Jacob comme à Israël les moyens de parvenir à accomplir le service qui est attendu d'eux. Cette idée, chère au Rambam, a été développée sur les bénédictions et les malédictions annoncées dans la Tora. La Terre et la descendance sont les moyens pratiques, concrets, de réaliser la mission d'Israël S'attendre à la fin des temps, à ce que Hashem récompense, par le don de la Terre "sainte" et par une alliance particulière,  le peuple qui aura le plus prouver sa fidélité à D. est à la fois utopique et misérablement réducteur. Utopique, car, pour reprendre les mots de la parole de hashem dans le rêve, sans l'aide et la protection de Hashem, sans l'assurance d'une structure physique, un corps composé d'êtres humains et d'une terre, quel peuple peut faire le choix de servir totalement D., à contre courant et au prix de sacrifices innombrables ? Misérablement réducteur, car la possession d'une terre, le nombre, la richesse et la puissance sont-elles des valeurs en elles-mêmes, à ce point importantes pour rétribuer des millénaires d'histoire tourmentée et merveilleuse ? A l'inverse, le choix fait par Hashem d'un peuple, à la suite de la fidélité de ses ancêtres, en s'alliant à lui et en lui promettant "du pain pour manger, un vêtement pour s'habiller et retourner en paix chez son père", sur sa terre, et le seul moyen de lui permettre d'accomplir sa mission. Quant à la fin des temps, la rétribution promise, ne se réduira ni à des conditions physiques, ni au peuple d'Israël. Celles et ceux qui, dans l'Humanité, ont été sensibles au message véhiculé par Israël, avec l'aide de D., seront ses élus. 

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