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dimanche 9 mars 2014

Shémini : Pour Dieu et malgré Lui

Lors de l'inauguration du Sanctuaire Nadav et Avihou, fils d'Aaron, apportent de l'encens et offrent un "feu étranger qu'il ne leur est pas ordonné". Un feu survient et les dévore. Moïse dit alors à Aharon (Lév. 10, 3):
"C'est ce qu'avait dit l'Eternel : Je serai sanctifié en ceux qui m'approchent et à la face de tout le peuple Je serai glorifié."
Quelle est leur faute et en quoi leur sanction est une "sanctification" ?

Feu étranger

L'épisode de la mort de Nadav et Avihou illustre une forme de religiosité réprimée par la Tora. Ils servent l'Eternel sans qu'il ne le leur demande. Ils considèrent comme naturel ce qui nécessite un ordre. L'intention est très élevée mais révèle une approche erronée du service divin. Comme l'affirme le prophète Samuel :
"Voici que l'obéissance vaut mieux q'un sacrifice et la docilité vaut mieux que la graisse des béliers !"
Ils veulent pourtant bien faire. Dieu ne désire-t-Il pas les coeurs ?
La conviction est évidemment essentielle dans le service divin. Mais en jugeant qu'il plaît à Dieu ce qui nous plaît à nous, les pires crimes peuvent être commis au nom de Dieu. Servir Dieu selon ses sentiments du moment revient à répondre à ses propres désirs. Cette religion utilitaire, bien que dirigée vers Dieu, sert d'autres causes. En se soumettant intensément à Dieu par des actes non ordonnés, on prétend soumettre Dieu à sa volonté.
Le même adjectif est utilisé pour désigner l'idolâtrie, "culte étranger", et le service de Nadav et Avihou, "feu étranger".

Zèle inutile

Le Orah Hayim fait remarquer au début de la sidrat aharé mot que la Tora rappelle la mort de Nadav et Avihou en utilisant l’expression :
« Lors de leur approche devant Dieu, et ils sont morts. »
Il n’est fait mention que de leur approche et non de leur acte.
« Que nul ne s’imagine que leur intention s’est réalisée et qu’en vérité ils ont pénétré à l’intérieur du Sanctuaire. Ils ont été repoussés et ils sont morts. »
Le Orah Hayim nous enseigne qu’ainsi la Tora tient à écarter ceux qui voudraient malgré tout s’approcher du service divin tout en sachant qu’ils en mourraient. Certains désirent en effet servir l’E-ternel « de toute leur âme », comme il nous le demande, mais pas quand Il nous le demande. ils croient atteindre ainsi, par la combustion extatique de leur âme, atteindre un degré très élevé de spiritualité. La Tora nous apprend qu’il n’en est rien. Lorsque les fils d’Aharon se sont approchés, ils sont morts. Ils n’ont pas obtenu le degré de service divin qu’ils recherchaient.

Sanctification du nom de Dieu

La faute des fils d’Aharon n'est pas moins grave du fait qu'il pensent servir Dieu. Au contraire, ils sont d'autant plus coupables de L'associer à leur volonté. Celui qui jure au nom de Dieu pour une parole mensongère, Le profane. Il utilise la sainteté pour son usage personnel. De même, les enfants d’Aharon, mais sur un tout autre plan, pensent pouvoir utiliser la sainteté, en user comme bon leur semble mais avec les meilleures intentions. Cette erreur constitue aussi une "profanation" du nom de Dieu. Son rétablissement est une "sanctification".
Il paraît évident que, dans leur cas, c'est une réelle volonté de servir Dieu qui les consume. C'est ce qu'enseigne Moïse à Aharon :
"C'est ce qu'avait dit l'Eternel : Je serai sanctifié en ceux qui m'approchent et à la face de tout le peuple Je serai glorifié."
L'Eternel n'est pas plus indulgent envers ceux qui agissent en Son Nom. "A la face de tout le peuple", Il est "glorifié" en étant plus rigoureux envers "ceux qui l'approchent".
L’accomplissement de la Tora, l’écoute attentive et scrupuleuse de la parole divine, n’apportent aucun privilège aux yeux de l’E-ternel. Il n’est pas moins rigoureux envers les fautes des justes. Il agit à la hauteur des exigences qu’il attend d’eux et de l’image qu’ils donnent en tant que représentant de la Tora. Ce principe s’applique ainsi à tout israêl par rapport aux nations : "C'est ce qu'avait dit l'Eternel : Je serai sanctifié en ceux qui m'approchent et à la face de tout le peuple Je serai glorifié."
« Je n’ai connu que vous parmi toutes les familles de la terre. C’est pourquoi je vous sanctionnerai pour toutes vos fautes. »
Amos 3, 2

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