Lors de
l'inauguration du Sanctuaire Nadav et Avihou, fils d'Aaron, apportent
de l'encens et offrent un "feu étranger qu'il ne leur est pas
ordonné". Un feu survient et les dévore. Moïse dit alors à
Aharon (Lév. 10, 3):
"C'est
ce qu'avait dit l'Eternel : Je serai sanctifié en ceux qui
m'approchent et à la face de tout le peuple Je serai glorifié."
Quelle
est leur faute et en quoi leur sanction est une "sanctification"
?
Feu étranger
L'épisode
de la mort de Nadav et Avihou illustre une forme de religiosité
réprimée par la Tora. Ils servent l'Eternel sans qu'il ne le leur
demande. Ils considèrent comme naturel ce qui nécessite un ordre.
L'intention est très élevée mais révèle une approche erronée du
service divin. Comme l'affirme le prophète Samuel :
"Voici
que l'obéissance vaut mieux q'un sacrifice et la docilité vaut
mieux que la graisse des béliers !"
Ils
veulent pourtant bien faire. Dieu ne désire-t-Il pas les coeurs ?
La
conviction est évidemment essentielle dans le service divin. Mais en
jugeant qu'il plaît à Dieu ce qui nous plaît à nous, les pires
crimes peuvent être commis au nom de Dieu. Servir Dieu selon ses
sentiments du moment revient à répondre à ses propres désirs.
Cette religion utilitaire, bien que dirigée vers Dieu, sert d'autres
causes. En se soumettant intensément à Dieu par des actes non
ordonnés, on prétend soumettre Dieu à sa volonté.
Le même
adjectif est utilisé pour désigner l'idolâtrie, "culte
étranger", et le service de Nadav et Avihou, "feu
étranger".
Zèle inutile
Le Orah
Hayim fait remarquer au début de la sidrat aharé mot que la
Tora rappelle la mort de Nadav et Avihou en utilisant l’expression :
« Lors
de leur approche devant Dieu, et ils sont morts. »
Il n’est
fait mention que de leur approche et non de leur acte.
« Que
nul ne s’imagine que leur intention s’est réalisée et qu’en
vérité ils ont pénétré à l’intérieur du Sanctuaire. Ils ont
été repoussés et ils sont morts. »
Le Orah
Hayim nous enseigne qu’ainsi la Tora tient à écarter ceux qui
voudraient malgré tout s’approcher du service divin tout en
sachant qu’ils en mourraient. Certains désirent en effet servir
l’E-ternel « de toute leur âme », comme il nous le
demande, mais pas quand Il nous le demande. ils croient atteindre
ainsi, par la combustion extatique de leur âme, atteindre un degré
très élevé de spiritualité. La Tora nous apprend qu’il n’en
est rien. Lorsque les fils d’Aharon se sont approchés, ils sont
morts. Ils n’ont pas obtenu le degré de service divin qu’ils
recherchaient.
Sanctification du nom de Dieu
La faute
des fils d’Aharon n'est pas moins grave du fait qu'il pensent
servir Dieu. Au contraire, ils sont d'autant plus coupables de
L'associer à leur volonté. Celui qui jure au nom de Dieu pour une
parole mensongère, Le profane. Il utilise la sainteté pour son
usage personnel. De même, les enfants d’Aharon, mais sur un tout
autre plan, pensent pouvoir utiliser la sainteté, en user comme bon
leur semble mais avec les meilleures intentions. Cette erreur
constitue aussi une "profanation" du nom de Dieu. Son
rétablissement est une "sanctification".
Il
paraît évident que, dans leur cas, c'est une réelle volonté de
servir Dieu qui les consume. C'est ce qu'enseigne Moïse à Aharon :
"C'est
ce qu'avait dit l'Eternel : Je serai sanctifié en ceux qui
m'approchent et à la face de tout le peuple Je serai glorifié."
L'Eternel
n'est pas plus indulgent envers ceux qui agissent en Son Nom. "A
la face de tout le peuple", Il est "glorifié" en
étant plus rigoureux envers "ceux qui l'approchent".
L’accomplissement
de la Tora, l’écoute attentive et scrupuleuse de la parole divine,
n’apportent aucun privilège aux yeux de l’E-ternel. Il n’est
pas moins rigoureux envers les fautes des justes. Il agit à la
hauteur des exigences qu’il attend d’eux et de l’image qu’ils
donnent en tant que représentant de la Tora. Ce principe s’applique
ainsi à tout israêl par rapport aux nations : "C'est ce
qu'avait dit l'Eternel : Je serai sanctifié en ceux qui m'approchent
et à la face de tout le peuple Je serai glorifié."
« Je
n’ai connu que vous parmi toutes les familles de la terre. C’est
pourquoi je vous sanctionnerai pour toutes vos fautes. »
Amos
3, 2
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