Cet article a été écrit suite à l'attentat contre la yeshiva de merkaz harav, rosh hodesh adar 2 5768
« Dès qu'entre le
mois de Adar nous multiplions la joie »
Comment
entendre cette phrase du Talmud alors que cette année, à la veille
du mois de adar II, tant d'adolescents ont été assassinés ou
blessées grièvement ? Comment pouvions-nous chanter le hallel,
les psaumes de louanges, en ce tragique jour de rosh hodesh ?
Tel ce verset 19 du chapitre 116 :
בְּחַצְרוֹת
בֵּית ײ בְּתוֹכֵכִי יְרוּשָׁלִָם...
« Dans les cours de la
maison de l'E-ternel, en plein centre de Jérusalem... »
Dans
une yeshiva, maison de l'E-ternel, en plein centre de
Jérusalem, combien de cris ont été entendus ? Combien de pleurs ?
Trois versets plus hauts, le Roi David affirmait aussi :
יָקָר
בְּעֵינֵי ײ הַמָּוְתָה לַחֲסִידָיו.
« Une
chose précieuse aux regards de l’E-ternel, c’est la mort de ses
pieux serviteurs. »
Ses
pieux serviteurs, ses « hassidim »
sont ceux qui lui sont intimement attachés. Si jeunes, ces élèves
de yeshiva
ont fait le choix de se vouer à l'étude de la Tora. Combien
d'autres jeunes de leur âges consacrent-ils toutes leurs journées
mais également leurs nuits à l'étude de la parole de notre D. ?
Les
ennemis d'Israël ont choisi le moment de leur étude de la nuit pour
verser le sang de ces enfants. Le Talmud insiste sur la particularité
de l'étude durant la nuit :
כל
הלומד תורה בלילה חוט של חסד משוך עליו
ביום
« Tout
celui qui étudie la tora la nuit ; un fil de bonté est tendu sur
lui le jour. » (T. B. Avoda zara 3b)
Etudier
la Tora la nuit revient à étudier à un moment qui semble ne pas
lui convenir. La journée est passée, le temps de l'action n'est
plu. Les corps sont fatigués et les esprits perdent leur vivacité.
Celui qui, malgré tout, s'efforce de consacrer sa nuit à l'étude,
a conscience de la nécessité absolue de la Tora. Pour étudier la
tora nous avons effectivement besoin de nos capacités physiques et
mentales. Mais pour exister en tant que juif, nos capacités
physiques et mentales ont besoin de la Tora.
Durant
la longue nuit de notre exil, maintes fois nos ennemis ont voulu
croire que le corps et l'esprit de notre nation étaient épuisés.
Ils se sont efforcés à considérer que la journée lumineuse de
notre peuple et de notre tora était passée et que nous devions
sombrer dans l'obscurité. Mais nous avons toujours persister à
étudier, à enseigner et à pratiquer notre Tora de vie, malgré
l'aube qui tarde à venir.
La
fête de pourim célèbre précisément cette résistance d'Israël à
ses ennemis. Elle illustre la lente mais certaine apparition de la
lumière après la nuit. Pour Israël, la nuit précède la journée.
Peut-être est-ce ainsi que nous devons comprendre l'affirmation du
Talmud :
"
אמר
רב יהודה בריה דרב שמואל בר שילת משמיה
דרב:
כשם
שמשנכנס אב ממעטין בשמחה -
כך
משנכנס אדר מרבין בשמחה.
« Rav
Yehouda fils de Rav Shemouel fils de Shilat a dit : de même que
lorsqu'entre le mois de av, nous diminuons la joie, lorsqu'entre le
mois de adar, nous multiplions la joie. » (Ta'anit 29a)
Le
Talmud ne décrit pas des états de faits. Ce sont des injonctions.
Au mois de av, quand l'exil nous paraît doux et salutaire et que le
souvenir du Temple ne nous fait plus souffrir, nous avons
l'obligation d'exprimer notre tristesse et de prendre conscience de
la tragédie dans laquelle nous vivons encore. Quand à l'inverse nos
ennemis éteignent violemment les jeunes lumières qui éclairent
enfin notre si sombre fin de nuit, nous avons l'obligation de
continuer à ressentir la joie qui anime toujours l'âme de notre
peuple.
Il
existe un lien entre ces deux mois ; celui de la destruction de notre
Temple et du début de notre exil et celui de la fête de pourim. La
peine s'est transformée en joie, le deuil en jour de fête,
apprend-t-on dans la méguila.
Ces
justes ont donné, malgré les ténèbres, leurs derniers souffles
dans des paroles joyeuses d'une tora de vie. Leurs âmes sont entrées
dans l'Eternité.
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Suite à cet article, le cours suivant a été donné : Dès qu'entre le mois de adar, on multiplie la joie.
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Suite à cet article, le cours suivant a été donné : Dès qu'entre le mois de adar, on multiplie la joie.
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